samedi 15 janvier 2011

Le Monde, d'avant.

Metlaoui (sud-ouest de la Tunisie), correspondance -
Tout paraissait calme, ce samedi 8 janvier, en début d'après-midi, dans le souk de Metlaoui, une ville de 50 000 habitants, dans la région de Gafsa (sud-ouest de la Tunisie). Les étals du souk, alors, regorgent de fruits et de légumes. Les femmes discutent, des enfants jouent, lorsqu'un homme surgit tel un fuyard. "Ils arrivent… Ils vont tout casser !"

Le brouhaha des discussions s'arrête. La nouvelle, cent fois répétée, fuse, passe d'un stand à l'autre. En quelques minutes, les mères ont attrapé leurs enfants. Sacs et cartons sont jetés au sol. Fébrilement, les stands se vident.

BRANCARD IMPROVISÉ

Plus loin, au centre-ville, monte une rumeur sourde. Comme un bourdonnement lointain, menaçant. "Ils l'ont ramené de Tunis et vont l'inhumer", lance un grand gaillard. Les plus téméraires remontent avec peine le flot de ceux qui, prudents, préfèrent s'éloigner. A présent, des cris, des râles presque, s'amplifient peu à peu.

Au premier croisement, la rue s'est vidée. Sur la gauche, le front sombre d'un cortège de jeunes avance, 400 à 500, peut-être plus. Epaule contre épaule, ils occupent toute la largeur de l'artère. Pas de banderole. Au premier rang, sur un brancard de métal improvisé, on devine un corps, drapé d'une couverture rouge et blanche. Les visages sont tendus, marqués par la colère.

Adnane Ben Yahmed


--------------------------------------------------------------------------------

Aucun commentaire: